Ce que l’instabilité politique coûterait à l’économie tunisienne

Voilà près de deux mois depuis la présidence de la République, par la voix de l’homme en charge, Beji Caid Essebsi, a lancé son initiative pour la formation d’un nouveau gouvernement d’unité. Cette initiative a conduit la politique dans le coin, en particulier en qualité d’observateurs pointent à une impasse sur le nom du futur Premier ministre.

Une telle situation peut affecter une économie érodée par l’informel, miné par les grèves et les corporatismes et donc faire face à un glissement inquiétant dans les dépenses publiques. Les experts économiques expérimentés parlent donc du risque d’effondrement et certainement d’une année 2017 qui est plus dangereuse que 1986. La raison en est simple: l’instabilité politique.

Le besoin urgent de changement

« Le paysage politique instable va certainement avoir un impact sur l’économie tunisienne, déjà à mi-mât », a souligné l’expert économique Moez Joudi. Contacté par African Manager, il a souligné la situation économique actuelle qui continue de se détériorer et ne pouvant plus résister aux crises futures. L’impact se fera sentir dans de nombreux secteurs vitaux tels que le tourisme, qui avait commencé à se remettre sur la bonne voie, de l’industrie ou de l’investissement, déjà bloqué, dit l’économiste, pour ne pas mentionner le secteur du phosphate. Cela va inévitablement conduire à un climat de récession ou de déclin.

En dehors de cette récession, Moez Joudi a dit qu’il craignait que la Chambre des représentants du peuple (ARP) ne vote pas le projet de budget supplémentaire avant la pause estivale. Cela est grave, notre interlocuteur a ajouté, dans une telle situation où les prévisions établies par le gouvernement actuel sont remises en question, nous devons rattraper et adopter une nouvelle loi de finances rectificative pour nous adapter aux changements vécus par les autorités nationales et la situation régionale.

moez-joudi

Pour sa part, l’économiste Sami Arfaoui a mis en garde contre l’instabilité de la scène politique qui va perturber la politique économique adoptée. « Le brusque changement de la situation politique peut être catastrophique, en particulier dans cette phase où les autorités actuelles se préparent à mettre en œuvre le nouveau plan 2015/2020 de cinq ans, » l’économiste dit à travers African Manager.

Il a ajouté: «Mais maintenant, ils sont confrontés à un blocage dû à la non-publication du code d’investissement, ce qui ne favorise pas les investisseurs, y compris les étrangers à injecter de nouveaux capitaux dans le pays et dans l’économie de la Tunisie. »

Il est clair que ce blocus a entraîné l’effondrement du dinar tunisien, qui va avoir par la suite un impact direct sur l’inflation pour un pays qui importe plus qu’elle exporte. En effet, les recettes d’exportation ont affiché une baisse de 1,3% à la fin du mois dernier, par rapport à la même période de 2015, à 14.255 milliards de dinars alors que les importations ont augmenté de 1,5% pour atteindre 20.289 milliards de dinars. Le déficit de la balance commerciale a atteint 6.034 milliards de dinars au cours des six premiers mois.

Sami Arfaoui a souligné la nécessité d’accélérer le processus initié par le président Beji Caid Essebsi, surtout que les consultations sur l’initiative présidentielle ont été arrêtées par la signature du document de synthèse « Accord de Carthage » qui énumère les priorités du futur gouvernement. Sinon, le pays sera confronté à de grandes difficultés et l’effondrement économique.

« Les hommes politiques doivent prendre en considération le fait que notre pays se dirige vers de gros problèmes économiques si rien ne se fait de toute urgence», a-t-il dit.

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